Du plus loin que je me souvienne, j’ai toujours pensé que les adultes savaient constamment ce qu’ils faisaient. Enfant, je les observais et trouvais une multitude de signes qui m’amenaient à dire avec certitude : cet adulte sait ce qu’il fait, il comprend le sens de son existence et ses buts sont clairs. J’ai ensuite quitté l’enfance pour entrer dans l’adolescence, toujours suivie de cette conviction. L’adolescence a amené avec elle des règles du jeu différentes. L’adolescence, et tout ce qu’elle représente, m’a beaucoup plu. Un ado peut se tromper, il (ou elle) est censé explorer divers chemins, s’essayer à ce qui pourrait lui convenir et le fait de n’avoir aucun certitude sur ce qu’il est ou fait est en fait, dans un sens, ce que l’on attend de lui, au final. Qu’est-ce que je me suis complu dans cette période ! Et, à l’aube de mon entrée dans la trentaine, je suis bien navrée de devoir la quitter.
Oui car, selon moi, une trentenaire n’est plus une jeune fille mais une femme et l’on attend d’elle plus de certitudes : elle sait ce qu’elle veut faire de sa vie, elle entrevoit sa carrière professionnelle avec clarté et son chemin futur est, dans son esprit, fixé. Une trentenaire, dans la représentation que je me suis construite depuis toute petite, ne peut désormais donc plus se comporter en adolescente.
Et pourtant….
D’ici quelques jours, je serai une femme. Mon futur lui est bien loin d’être fixé, je n’ai aucune envie de permanence dans ma vie au quotidien, ni de rêve de carrière ou encore d’ascension dans la hiérarchie… et l’horloge biologique est loin d’être en marche. Ce qui m’attire, ce qui m’excite est de planifier le prochain voyage, de deviner le prochain pays dans lequel je vais vivre, de me dire que je pourrais devenir autre chose, de changer d’avis, de rencontrer de nouvelles personnes et d’essayer de nouveaux modes de vies, de me tromper. Oui de se tromper surtout, c’est attirant… Ne croyez vous pas ?
En conclusion, je tolère de pouvoir changer de trajectoire et de la reprendre si je le souhaite. Et, soyons un peu honnête, d’ici quelques semaines, j’imagine que je baignerai toujours autant dans ce flou artistique. Mais, j’ai le temps, pas vrai ? Finalement, est-ce que ce futur lever de soleil sur la trentaine n’est-il pas la simple réalisation qu’un adulte ne sait foutrement pas ce qu’il fait, ni où il va… Et que c’est finalement ok ?