Dans les étapes du deuil d’un traumatisme, il y a plusieurs étapes et, j’en suis sûre, vous en avez déjà entendu parler : Choc ; Déni ; Colère ; Marchandage ; Tristesse ; Acceptation ; Reconstruction.
Concernant mon traumatisme à moi, je peux aisément assurer que j’ai dépassé l’étape du choc. Je peux aussi dire que j’ai dû malheureusement sortir de celle du déni. Aaaah cher Déni, tu obscurcissais tendrement ma mémoire de ce brouillard sourd et opaque, certes j’entrevoyais des ombres inquiétantes derrière toi mais tu avais sans aucun doute une teinte rassurante. Et même s’il est clair que tu n’étais pas bon, sur le long terme pour moi, saches que ta fausse insouciance me manque.
La prochaine étape serait la colère, mais je n’ai pas encore l’impression de pouvoir en parler au passé puisque je suis en train de m’en sortir. Enfin je crois…. J’en ai déjà parlé, dans un autre post, mais la colère et moi on est très potes. Elle me protège, elle est mon essence qui fait démarrer le moteur et elle me fait croire qu’il ne pourra jamais plus rien m’arriver. Alors oui hein, je suis aussi au courant qu’elle est toxique, énergivore et –au quotidien dans l’ampleur de mes réactions- totalement inutile.
J’ai essayé plein de choses ; psychologue, sophrologue, ostéopathe, kiné…. Et c’est pas mal hein mais jusqu’ici rien ne m’avait donné envie de laisser ma colère derrière moi. Sauf que depuis peu, je me suis mise à l’hypnose. Et, promis chacun peut en penser ce qu’il veut, c’est pas du tout le sujet de ma réflexion d’ailleurs, mais j’ai l’impression que cela ouvre de nouvelles réflexions. Par rapport à ce trauma en tout cas et comment l’aborder autrement.
Vous êtes sûrement en train de vous dire : « Et si t’en venais au fait ? » Oui oui, ça va j’y arrive !
Ma thérapeute, lors de la dernière séance d’hypnose, m’a posé cette question, qui me tarabuste depuis plusieurs jours : La colère vous amène de la force oui, mais la tristesse ne vous en emmènerait-elle pas également ? Ne voyez-vous pas comment être triste et forte à la fois ?
Alors, au début j’ai ri hein. Pas devant elle bien sûr, mais ma petite voix dans ma tête a formulé un gros « pffffff » sarcastique. Sauf que sur mon chemin de guérison, je suis quand même un pied dedans-un pied dehors : lâcher ma colère me semble un risque capital mais elle me fatigue. Et traiter la tristesse derrière me semble important… je me crois prête.
Alors, je pose la question : y a-t-il de la force dans la tristesse ?
Dans le peu de représentations que je me suis faite sur cette émotion, pour moi la tristesse c’est un état mou, las. D’une couleur tendre, terne même. La tristesse me semble un état d’arrêt où l’on se sent comme une coquille vide, passif, à l’arrêt. Où est la force là-dedans ? Pour moi, quand quelqu’un est triste, il est faible, vulnérable, sa tristesse l’enveloppe et la rend à la mercie de tout danger.
Catherine Breillat a dit « [la tristesse] Elle est orageuse, noire, arrogante et pure comme une épée de cristal avec laquelle je crée et pourfends mes adversaires ». Et cela me donnerait presque envie d’y accéder à cette tristesse. Sauf que comment je la rends orageuse et arrogante ? J’ai plus l’impression que l’on parle de ma colère là.
Dans un article du magazine BIBA, datant du 2 septembre 2016, ce passage me semblait intéressant : « la tristesse est un état passager qui peut donner l’occasion de réfléchir. Souvent liée à un manque […], elle est le reflet de notre impuissance. […] Mais ce moment en tête à tête avec soi-même est aussi l’occasion de se poser les bonnes questions. Il est alors essentiel de réussir à mettre des mots sur ce chagrin. Il faut identifier ce qui nous blesse et pourquoi nous ressentons un tel manque. [….] C’est alors le moment de devenir lucide, d’apprendre à se connaître un peu plus. La tristesse peut ainsi être libératrice et nous aider à comprendre nos angoisses ! Vient alors le moment où elle nous permet d’agir et d’influer sur notre existence »
Et cette dernière phrase me fait dire : ok ! Ok agissons et influons sur mon existence ! C’est le moment ! Est-ce que le fait d’être triste et de l’accepter n’est pas le vrai premier pas vers la guérison ? Ok, c’est vrai, ce trauma me fait ressentir toute cette tristesse, ok je la palpe, je la définis, la pèse et maintenant j’agis ! Et j’en fais quoi ? Je la mets dans une boîte et la laisse s’en aller ? Pourquoi pas après tout ?
Soyons lucides ! J’ai entamé la trentaine, je commence à me connaître… Je vais m’adapter non ? Je m’y suis déjà adaptée à ce trauma de toute façon. Restons lucides, cette tristesse est déjà là et me mange… Pourquoi ne pas être plus forte qu’elle et lui dire au revoir ?
Lors des séances d’hypnose, la thérapeute me répète constamment de dire à mon enfant intérieur : « c’est ok, redeviens heureux et insouciant car maintenant je suis là pour gérer. Toutes les peines et les angoisses que je vis sont des peines et des angoisses d’adultes et elles ne te concernent plus, car je suis en capacité de les gérer ».
Accepter ma tristesse avec l’énergie pour essayer de la dépasser, ça devient une intention forte ça non ? Parce qu’après elle viendrait, à priori, un début d’acceptation et accepter une situation à laquelle on ne peut plus rien changer c’est fort non ? Il me semble que c’est la définition même de la résilience. Et sachez que j’aime beaucoup ce mot ainsi que sa signification[1].
[1] Selon Larousse, la résilience est l’ « aptitude d’un individu à se construire et à vivre de manière satisfaisante en dépit de circonstances traumatiques ».